Skip to content

Accueil > News > 1ère journée technique de la tourbière de Frasne

1ère journée technique de la tourbière de Frasne

19 janvier 2021

Pour mettre en en commun les connaissances acquises sur le site de la tourbière de Frasne, une rencontre s’est tenue en visio-conférence le 1er décembre 2020 entre scientifiques et gestionnaires pour faire le point sur le fonctionnement et la gestion du site.

Le Massif du Jura, de par son climat continental dégradé caractérisé par des précipitations abondantes et régulières tout au long de l’année, et par son contexte géologique hétérogène impliquant de nombreuses zones de résurgences et de stagnation de l’eau, est une région favorable à la présence de zones humides.

Depuis 2008, le laboratoire Chrono-environnement (Université de Bourgogne Franche-Comté) dans le cadre de la Zone Atelier de l’Arc Jurassien (ZAAJ) et du SNO tourbières et en collaboration avec divers acteurs locaux et nationaux (OSU THETA, OSUC, Université de Rennes I, Ecole des Mines, etc…) effectue le suivi hydro-météorologique (variabilité des précipitations, de la température entre autre), biogéochimique (échanges de carbone avec l’atmosphère) et écologique (évolution de la végétation sous changement climatique) via la station de recherche installée au cœur de la tourbière dite « active ».

Ponton de recherche de la tourbière de Frasne. Crédit photo : Daniel Gilbert

Le site a en outre bénéficié du programme européen Life-Tourbière du Jura qui a permis le financement de sa restauration hydro-écologique en 2015 et 2016 par la neutralisation des effets des fossés de drainage datant du 19ème siècle.

La journée a permis de réunir les scientifiques du laboratoire Chrono-environnement (paléo-environnement, géologie, hydrologie, écologie), les gestionnaires de la Réserve Naturelle Régionale des tourbières de Frasne-Bouverans (EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue, Communauté de communes Frasne-Drugeon, Région Bourgogne Franche-Comté), et les structures associées aux réflexions sur le fonctionnement et la gestion du site (Lin’eco, l’école des Mines de Saint-Etienne, le Pôle relais tourbières, le Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté).

Ces échanges ont mis en évidence :

- L’intérêt paléo-environnemental du site et le rôle d’archive de la tourbe accumulée depuis près de 8000 ans qui permet de documenter les évolutions floristiques reflétant les variabilités du climat et des activités humaines régionales ;

- L’efficacité des mesures de restauration hydrologique qui ont permis de faire remonter le niveau moyen de la nappe d’eau et de freiner la colonisation de la tourbière active par des espèces vasculaires (pins à crochets) ;

- La complexité des modes d’alimentation en eau de l’écosystème tributaires de recharge par les précipitations, par les zones matures (boisées) à proximité de la tourbière active, et le rôle possible des circulations souterraines régionales en provenance des anticlinaux du Laveron et du plateau de Levier, dont les proportions pourraient changer selon les scénarios climatiques régionaux ;

- Les enjeux concernant le rôle de stockage et de restitution de l’eau en aval du système et son rôle potentiel de soutien d’étiage ;

- La réactivité biogéochimique de l’écosystème aux variabilités hydrométéorologiques et des dynamiques complexes d’échanges de carbone qui suggèrent que le site stocke du carbone atmosphérique depuis le début du suivi en 2018

Une journée d’échanges à Frasne. Crédit photo : Guillaume Bertrand, Alexandre Lhosmot, Geneviève Magnon, 2015-2020

Ces fonctions écologiques et services socio-écosystémiques sont cependant susceptibles d’être perturbés par les changements climatiques actuellement en cours, en particulier l’augmentation sensible des températures enregistrées sur le site depuis 2008. Et cette tendance pourrait s’accentuer.

Si aujourd’hui la température moyenne est de l’ordre de 6 à 7°C, les modèles climatiques du GIEC et recalculés localement indiquent qu’elle pourrait être de l’ordre de 9.0 °C ± 0.4 °C pour la période 2040-2070. Le RCP4.5 conduirait à une stabilisation de ce nouvel état du climat pour 2070-2100. En revanche, le RCP8.5 devrait induire un réchauffement supplémentaire (10.6 ± 0.6 ° C), correspondant à une augmentation de +4 degrés par rapport à la période de référence (1980-2010).

Cette synthèse sous forme de présentations et de discussions a donc permis de tracer de nouvelles perspectives concernant les investigations à venir et la valorisation de ce type de socio-écosystème qui témoignent des liens étroits entre les enjeux des changements locaux (climat, cycle du carbone, stockage de l’eau, évolution des usages agro-forestiers) et globaux et de l’importance de la pluridisciplinarité pour les aborder.

Les présentations et les échanges sont disponibles ICI et le film sur les travaux de restauration hydrologique de la tourbière ICI

Logos des partenaires de la journée technique

Contacts :