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Un suivi de 20 ans des prédateurs dans la ZELAC…

11 novembre 2020

Quelle est la réponse numérique des prédateurs aux variations d’abondance des campagnols prairiaux dans les écosystèmes où ceux-ci présentent de grandes variations d’abondance ? Telle est la question à laquelle ont cherché à répondre, par un suivi de 20 ans, la FREDON de Bourgogne Franche-Comté et le Laboratoire Chrono-environnement de l’Université et du CNRS.

Les campagnols peuvent atteindre des densités élevées avec des fluctuations de population pluriannuelles de grande amplitude (voir https://zaaj.univ-fcomte.fr/spip.php?article29). Ils sont à la base de la nourriture des communautés de vertébrés carnivores dans le nord de l’Eurasie et en Amérique du Nord. Ce statut les place au cœur des conflits de gestion où les préoccupations de protection des cultures et de santé sont souvent mises en opposition avec les problèmes de conservation.

Publié dans Ecology and Evolution, un suivi de 20 ans des prédateurs et de leurs proies dans la Zone expérimentale de lutte anticampagnols (ZELAC) (près de La Vrine) décrit les effets de ces variations de proies sur les densités de prédateurs et leur prélèvement alimentaire théorique quotidien.

L’article :

https://doi.org/10.1002/ece3.7020
Vidéo de présentation des résultats

Un graphe du suivi...

Effets de l’augmentation de la population de renards

Ces travaux basés sur des comptages routiers diurnes et nocturnes montrent comment la communauté de prédateurs s’est réorganisée avec l’augmentation de la population de renard roux, qui avait été décimée par intoxication secondaire à la fin des années 1990 à une époque où la bromadiolone, un rodenticide, était utilisée alors à haute dose pour contrôler les populations de campagnol terrestre (elle est interdite à cet usage depuis mai 2021). Cette augmentation de la population de renard est concomitante de la diminution de la population de lièvre, de chat forestier et de chat domestique. Elle n’a cependant pas conduit à une augmentation du nombre moyen de prédateurs présents dans la zone d’étude, suggérant des compensations parmi les espèces résidentes en raison de la prédation ou de la compétition intraguilde (entre les espèces de prédateurs). Dans cette étude, le manque de données concernant les mustélidés tels que la martre, l’hermine et la belette, qui ne peuvent pas être comptées par la technique employée, ne permet cependant pas de déterminer formellement si ces compensations observées dans ce sous-ensemble communautaire (les prédateurs comptables par comptage routier) s’étendent à l’ensemble de la communauté des prédateurs de campagnols (mais cf Baudrot et al. 2020).

La corneille noire, les oiseaux de proie et les chats domestiques

La corneille noire représente du quart à plus de soixante pour cent en densité des prédateurs observés. Les grandes variations du nombre de prédateurs pendant les pics de pullulation de campagnols sont clairement attribuables à l’augmentation temporaire des populations d’oiseaux de proie mobiles, notamment la buse et le milan royal. De plus, la densité des chats domestiques corrobore leur rôle possible dans la régulation des populations de rongeurs dans un cercle de 400-500 m autour des villages.

L’effet de ces variations

La prise alimentaire des prédateurs étudiés varie, au cours d’un cycle de rongeurs, d’un facteur un à sept, alors que les populations de campagnols prairiaux varient d’un facteur un à plusieurs centaines. Cette comparaison indique que cette communauté de prédateur peut contrôler les densités de campagnols quand elles sont basses, mais de façon de plus en plus marginale au delà d’un certain seuil (estimé à 70-100 campagnols/ha dans un milieu très productif comme l’est par exemple une prairie de fauche).

La vidéo ci-dessous (20’) explique comment une simulation dynamique peut-être établie à partir de ces données, et le simulateur ici, permet de l’expérimenter par vous même.

Impact des prédateurs sur une population de campagnol terrestre

Cette étude fournit une base de connaissance solide fondée sur des données de terrain pour raisonner la gestion de la faune. Elle doit permettre un dialogue factuel et constructif sur les objectifs et options de gestion entre toutes les parties prenantes des socio-écosystèmes concernés par les variations de populations de rongeurs de grande amplitude (agriculture, chasse, protection d’espèces vulnérables, santé). Elle montre enfin comment une collaboration sur le long terme entre un organisme de recherche et un organisme intéressé à la gestion de la faune, peut produire des connaissances uniques améliorant la connaissance du système pour éclairer la prise de décision.

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