Skip to content

Accueil > Dispositifs d’observation > Voir aussi... > VoleVege : campagnols prairiaux et biodiversité végétale

VoleVege : campagnols prairiaux et biodiversité végétale

25 décembre 2015

Les populations de campagnols prairiaux, Campagnol terrestre et Campagnol des champs, connaissent des pullulations interannuelles cycliques qui ont des conséquences négatives à court terme sur la production fourragère.

De nombreuses recherches ont été entreprises pour comprendre le déterminisme de ces pullulations et pour limiter leur intensité (par le travail du sol, la rotation fauche-pâture, etc.). Cependant, les conséquences de ces pullulations sur les communautés végétales des prairies, des mesures préventives préconisées pour les enrayer (labour, piétinement par le bétail, etc.) et curatives pour compenser les dégâts (par exemple, pour limiter les pertes de fourrage après une pullulation, les éleveurs pratiquent fréquemment le sursemis) n’ont été que très peu étudiées. En particulier, les effets positifs éventuels de ces perturbations récurrentes sur la biodiversité et le fonctionnement à moyen terme de l’écosystème prairial ont été jusqu’ici ignorés.

Vue générale d'une des trois parcelles-test étudiées

Le programme VoleVege se propose, en collaboration avec Patrick Giraudoux, Geoffroy Couval et les agriculteurs concernés, d’évaluer l’impact à court et à moyen terme des perturbations dues aux pullulations de campagnols terrestres et aux pratiques agricoles visant à les contrôler, sur la composition, la diversité (taxonomique, fonctionnelle) et la productivité des communautés végétales, selon deux méthodes complémentaires :

  • étude comparative synchronique : comparaison de la végétation de parcelles différant par l’intensité et la nature des mesures de lutte contre les campagnols dans les zones de suivi des populations (transects CLAC et/ou ZELAC) ;
  • étude diachronique : mise en place d’un suivi annuel de la végétation (placettes permanentes) dans une sélection de parcelles subissant ou pas des pullulations cycliques, et soumises à différentes pratiques préventives et curatives.

L’étude préliminaire de 2015 a consisté

  • à recenser les parcelles de prairie traversées ou proches des transects de la CLAC dans la région de Charquemont (Premier Plateau du Doubs)
  • à évaluer une méthode d’échantillonnage pour le suivi de la végétation dans trois parcelles-test.
Grille de 25 cellules utilisée pour le relevé des quadrats dans chaque parcelle.

Ces parcelles ont été choisies pour représenter la variation des conditions de gestion (niveau de lutte contre le campagnol, intensité des pratiques agricoles, type d’exploitation) dans un territoire restreint (entre 865 et 880 m d’altitude). Le protocole consiste à dresser la liste des espèces de plantes vasculaires observées sur une bande de 50 m x 1 m (50 m2) disposée au centre de la parcelle, en estimant leur recouvrement absolu selon le code de dominance de Braun-Blanquet. Quatre quadrats de 50 cm x 50 cm (0,25 m2) sont disposés régulièrement le long de cette bande pour des mesures plus précises de la fréquence des espèces sur une grille de 25 cellules de 1 dm2.

Les conditions climatiques particulières de 2015 ont fortement limité les possibilités pour les relevés floristiques, effectués début août après une période de sécheresse ayant empêché la repousse de l’herbe après la première coupe. Les relevés ont été saisis dans la base de données Phytobase et géoréférencés dans un SIG.

L’expérience de cette étude préliminaire révèle une faisabilité limitée du protocole un mois environ après la première coupe, en raison des difficultés de reconnaissance des Poacées si la repousse est entravée, augmentant considérablement le temps nécessaire pour les mesures fréquentielles (jusqu’à 1 h par quadrat). Pour un suivi efficace, il sera préférable d’échantillonner la végétation juste avant la première coupe.

La comparaison des données des trois parcelles-test fournit toutefois des résultats préliminaires instructifs et encourageants. Le niveau de lutte ne semble pas avoir une influence prépondérante sur la composition, la diversité et l’état de conservation des communautés végétales étudiées, les trois prairies étant pauvres en espèces et quasiment dépourvues des espèces mésotrophiles caractéristiques des prairies de fauche de montagne. Les espèces préférentielles du pâturage représentent entre 60 et 70 % du recouvrement cumulé dans ces prairies fauchées, les autres espèces étant plutôt liées aux prairies de fauche intensives de plaine.

Partitionnement additif de la richesse floristique de trois parcelles de prairie. La diversité $\gamma$ est la somme de la diversité $\alpha$ moyenne (barres vertes) et de la diversité $\beta$ (barres jaunes).

Ce constat est à mettre en relation avec la tendance avérée d’une banalisation de la flore prairiale liée à l’intensification des pratiques agricoles à l’échelle régionale (généralisation de l’alternance fauche-pâture, fertilisation importante). Les indices de défoliation, de fertilité azotée et la valeur pastorale sont élevés et ne diffèrent pas significativement dans les trois prairies. La diversité spécifique à l’échelle fine du quadrat varie faiblement selon la parcelle, surtout en considérant les espèces dominantes (diversité de Shannon ou de Simpson). La richesse spécifique \beta représente moins d’un tiers de la richesse \gamma de chaque parcelle.

Voir aussi :
Biodiversité des prairies
Rongeurs - prédateurs

Contact : François Gillet, Chrono-environnement