Skip to content

Accueil > News > Expérimentation non létale sur « micromammifères et contaminants (...)

Expérimentation non létale sur « micromammifères et contaminants »

11 juillet 2014

Des recherches sont conduites dans la ZAAJ sur les effets de l’urbanisation sur les mésanges, sur les co-expositions polluants/pathogènes chez les chiroptères et rongeurs sauvages. S’y ajoutent maintenant des études sur le développement d’approches non-létales pour les études en écotoxicologie sur les petits mammifères et des travaux sur le mulot sylvestre Apodemus sylvaticus, qui ont été réalisés ce printemps dans la ZAAJ.

L’urbanisation affecte-t-elle l’état de santé des micromammifères ?

Les mulots citadins sont-ils plus exposés que les mulots forestiers aux polluants métalliques et aux hydrocarbures ? Sont-ils en moins bonne santé ? Sont-ils plus exposés à des pathogènes ? Quelles peuvent être les implications de l’urbanisation sur la transmission de maladies aux populations humaines ?

Pour évaluer les effets de l’urbanisation sur la santé des écosystèmes, cette étude, réalisée sur des sites à Besançon intramuros et en forêt de Chaux, vise à comparer une série de différents paramètres chez le mulot sylvestre Apodemus sylvaticus :

  1. l’évaluation des communautés (espèces présentes et densités estimées),
  2. la structure de population (sex-ratio, structure d’âge, individus reproducteurs),
  3. l’état de santé (hématologie, indice de condition corporelle, immunocompétence),
  4. l’exposition à des contaminants chimiques (éléments traces métalliques et hydrocarbures) et à des contaminants biologiques (par exemple Borrelia ssp, et Anaplasma ssp, qui sont des pathogènes responsables de zoonoses)

Une première expérimentation entièrement non-létale !

Jusqu’à présent, les travaux menés sur les micromammifères étaient basés sur des expérimentations létales, lesquelles permettaient d’échantillonner les organes afin de mesurer les contaminants chimiques et biologiques et mener diverses analyses (histopathologie, biomarqueurs d’exposition/d’effets des polluants, marqueurs d’immunocompétence…), de déterminer finement l’âge, le sexe et l’activité sexuelle, ou encore d’étudier le régime alimentaire sur la base des contenus stomacaux.

Dominique Rieffel, Renaud Scheifler, Clémentine Fritsch et Elodie Swaempoel (stagiaire M1, Montpellier).

Pour des raisons éthiques et scientifiques, l’équipe a souhaité développer des expérimentations non-létales en se basant sur les méthodes mises en œuvre par Renaud Scheifler, Michaël Coeurdassier et Clémentine Fritsch pour les études sur les oiseaux. Ces développements, débuté dans le cadre de la thèse de Nicolas Tête, se sont poursuivis lors du programme de recherche de Nico van den Brink (senior scientist à l’institut de recherche Alterra à Wageningen aux Pays-Bas, invité par Chrono-environnement). Ils trouvent leur aboutissement cette année, avec une première expérimentation entièrement non-létale !

Au programme :

  • pose de pièges non-létaux (pièges INRA avec un dortoir garni de foin, de pomme, pâtée pour chat et pâte d’arachide) en ville à Besançon (au campus de La Bouloie et au jardin botanique Place Leclerc) et sur deux sites en Forêt de Chaux,
  • capture de micromammifères avec relâché des musaraignes, campagnols et lérots, seuls les mulots sont échantillonnés,
  • manipulations sur les mulots.

La manipulation des mulots débute par la prise en main et l’anesthésie, et se poursuit par des mesures morphométriques (poids, longueur du corps), une prise de sang, un marquage individuel, un prélèvement de morceau d’oreille, la détermination du sexe et de l’activité sexuelle, et le comptage de parasites externes. Les mulots sont ensuite placés en boîte à souris « tout confort », garnies de foin, pomme et graines de tournesol, où ils se réveillent dans l’heure qui suit et peuvent récupérer jusqu’à leur relâché sur leur site de capture le lendemain matin.

Les (longues !) journées se terminent par les analyses hématologiques sur les échantillons de sang frais, la coloration des frottis (pour comptages cellulaires et recherche de parasites sanguins) puis la préparation du sang (sous-échantillonnage et séparation plasma/érythrocytes) et sa conservation pour les analyses suivantes (dosage des métaux et hydrocarbures, profils immunologiques, analyse des pathogènes avec des techniques de biologie moléculaire).
Les analyses de métaux et d’hydrocarbures sont effectuées au laboratoire Chrono-environnement par Nadia Crini et Caroline Amiot. Les pathogènes seront également analysés au laboratoire par Eve Afonso. Enfin, les profils immunitaires seront réalisés en collaboration avec Bruno Faivre du Laboratoire Biogéosciences de l’Université de Bourgogne.

Un franc succès pour cette première expérimentation non-létale

  • succès de capture suffisants (78 animaux capturés dont 41 mulots sylvestres), mortalité extrêmement limitée pour les espèces non-cibles et chez les mulots échantillonnés (moins de 3%),
  • volumes de sang prélevés suffisants pour les analyses prévues mais respectant les préconisations de volume collecté sans danger pour la santé des animaux,
  • pas de séquelles apparentes concernant l’anesthésie et la prise de sang puisque les individus se sont comportés normalement dans les chambres de récupération (visite de l’environnement, nettoyage, alimentation, repos), et ont retrouvé leur milieu en courant et bondissant !

Contact : Clémentine Fritsch